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43-  : Le schéma d’abandon et d’instabilité : comprendre la peur de perdre l’autre

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« Ne demeure pas dans les ombres de la peur. Car même la nuit la plus longue contient la promesse d’une aube. »

— Mawlānā

43-  : Le schéma d’abandon et d’instabilité : comprendre la peur de perdre l’autre


1. La racine du vide : quand l’amour devient incertain

Le schéma d’abandon est l’un des plus douloureux parmi les schémas précoces inadaptés identifiés par Jeffrey Young. Il se forme dans les premières années de vie, lorsque l'enfant vit un lien affectif instable, imprévisible ou conditionnel. Cela peut venir d'un parent aimant mais absent, d'une maladie familiale, d'un déménagement, d'un divorce, ou simplement d'une incohérence affective dans la relation.

L'enfant apprend à craindre la perte, et devient hypervigilant. Même adulte, il vit les relations sous la menace constante d'une rupture. Il peut devenir dépendant, anxieux, exigeant ou au contraire se retirer prématurément pour éviter de souffrir.


2. Quand la peur guide la relation

Le schéma d'abandon agit comme un filtre déformant : chaque silence, absence ou baisse d'attention est perçue comme le prélude d'un rejet. La personne oscillera alors entre attachement excessif et retrait défensif.

Souvent, elle a du mal à se sentir en sécurité dans la relation, et cherche une présence constante de l'autre pour se rassurer. Cela épuise souvent le partenaire, qui se met à prendre de la distance, validant ainsi, sans le vouloir, la peur d'abandon initiale.


3. Trois visages du schéma d'abandon : Études de cas

 

Cas 1 : Camille et Thomas – L’angoisse de l’absence (couple hétérosexuel, 33 et 37 ans)

Camille ne supporte pas que Thomas parte en déplacement. À chaque voyage professionnel, elle dort mal, se sent abandonnée, vérifie son téléphone sans relâche. À son retour, elle l'accueille par des reproches ou un mutisme blessé.

En profondeur, Camille revit, sans le savoir, le schéma d’abandon qu’elle a intériorisé enfant, lorsqu’elle devait deviner l’humeur de sa mère pour espérer un peu de tendresse.

En thérapie, nous avons identifié le cycle "manque - peur - accusation - retrait", et travaillé sur la stabilisation interne. Camille a appris à distinguer ses peurs d'aujourd'hui de celles du passé. Elle a commencé à exprimer ses besoins sans les transformer en accusations, ce qui a permis à Thomas de rester présent sans se sentir étouffé.


Cas 2 : Mohammad et Jonas – La force comme protection (couple homosexuel, 35 et 38 ans)

Mohammad a grandi avec un père autoritaire et une mère distante. Depuis toujours, il associe l’expression des besoins à la faiblesse. Dans son couple, il se montre donc fort, autonome, voire froid.

Quand Jonas lui demande plus d'engagement affectif, Mohammad se braque, ironise, fuit. Pourtant, intérieurement, il a peur que Jonas cesse de l’aimer s’il montre sa vulnérabilité.

En thérapie, nous avons accédé à son enfant intérieur blessé. Mohammad a compris que sa froideur n'était pas de l'indifférence, mais une stratégie de survie. Il a commencé à exprimer, avec des mots simples, sa peur de perdre Jonas. Cette mise à nu, loin de faire fuir son partenaire, a rétabli une véritable proximité.

 

Cas 3 : Léa – L’attachement foudroyant (27 ans, bisexuelle, célibataire)

Léa s'attache intensément aux partenaires qu'elle rencontre. Chaque début de relation est une explosion de sentiments. Mais très vite, elle s’angoisse : si l’autre répond moins rapidement ou semble moins investi, elle se sent trahie. Elle alterne entre fusion et rupture précipitée.

Dans son histoire, l’amour était conditionnel : sa mère ne lui donnait de l’affection que lorsqu’elle était brillante, gaie, utile. Aujourd’hui, Léa cherche dans l’autre la preuve qu’elle mérite d’exister.

En séance, nous avons travaillé la régulation émotionnelle et la différenciation entre les besoins présents et les blessures anciennes. Léa a appris à ralentir, à se sécuriser elle-même, à nommer ses attentes sans dramatisation. Cela lui a permis de construire des relations plus ancrées.


4. Comprendre le fonctionnement interne du schéma

Lorsqu’un élément de la vie relationnelle (absence, conflit, distance) ravive la peur de l’abandon, trois modes de survie peuvent s’activer :

  •  L'enfant vulnérable : panique, s'accroche ou se rétracte.

  •  Le protecteur : fuit, nie, se ferme pour ne pas ressentir.

  •  Le parent critique : culpabilise ou juge l’émotion : « Tu es trop sensible, tu fais fuir les gens. »

Le travail consiste à renforcer l’adulte sain : celui qui reconnaît l’émotion, distingue passé et présent, et peut poser une demande saine dans la relation.


5. Pratiques concrètes pour apaiser le schéma d’abandon

  •  Nommer l’émotion : « J’ai peur d’être abandonné(e). »

  • Rassurer son enfant intérieur : visualisation, auto-empathie.

  •  Identifier les déclencheurs : silence, ton, absence, etc.

  •  Formuler une demande claire : « Peux-tu me rassurer ? »

  •  Tenir un journal des besoins : pour se connaître soi-même.

  •  Ancrer une stabilité intérieure : yoga, écriture, marche, respiration.


6. Vers un amour plus stable

Guérir du schéma d'abandon, ce n'est pas ne plus avoir besoin de l'autre, c'est se relier depuis un espace de confiance, et non de peur. C’est intégrer que l’amour n’est pas une assurance contre la solitude, mais un espace vivant de présence, de liberté et de croissance mutuelle.


À méditer

« Le lieu où tu tombes est celui où la lumière entre en toi. »

— Mawlānā


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